Comprendre et favoriser l’autonomie au sommeil de son bébé

Un sujet controversé et mal compris

L’autonomie au sommeil des bébés est un sujet complexe, controversé, avec des mythes et des idées préconçues qui circulent abondamment. De nombreux parents et professionnels s’intéressent à cette question cruciale du développement de l’enfant, se demandant comment encourager leur bébé à dormir de manière indépendante, tout en répondant à ses besoins émotionnels et physiologiques.

Certains soutiennent qu’autonomiser les bébés dès le plus jeune âge est essentiel pour permettre au bébé de développer des compétences d’auto-apaisement et, en finalité, lui apprendre à s’endormir seul. D’autres estiment que laisser pleurer un bébé pour l’encourager à s’endormir de manière autonome est un non-sens physiologique total pouvant être préjudiciable à son bien-être émotionnel et au lien d’attachement avec ses parents.

Mais alors, faut-il laisser un enfant pleurer pour lui apprendre à développer ses compétences d’auto-apaisement ? Est-ce que la mise en place d’un endormissement autonome peut rendre un bébé plus autonome ? Quoi faire pour qu’un enfant développe son autonomie au sommeil ? Il est crucial aujourd’hui, grâce à l’avancée des neurosciences, d’aborder ce sujet avec un regard critique et informé, en se basant sur des preuves scientifiques.

Dans cet article, vous en apprendrez plus sur l’autonomie à l’endormissement, au sommeil et sur les fameuses capacités d’auto-apaisement, ou plus justement, d’auto-régulation et leur développement.

L’autonomie à l’endormissement et au sommeil

L’autonomie à l’endormissement et l’autonomie au sommeil sont deux concepts différents. Voici la différence entre les deux :

  • L’autonomie à l’endormissement fait référence à la capacité d’un bébé à s’endormir par lui-même, sans avoir besoin d’aide extérieure, telle que le bercement, l’allaitement, ou d’autres types de stimulation pour s’endormir. Il sait comment se calmer et s’endormir par ses propres moyens, sans qu’un parent reste avec lui jusqu’à ce qu’il s’endorme.
  • L’autonomie au sommeil concerne la capacité du bébé à se rendormir par lui-même lorsqu’il se réveille pendant la nuit. Il peut alors se rendormir sans avoir besoin d’être pris dans les bras, d’être mis au sein ou d’avoir une intervention extérieure par exemple.

Ces deux formes d’autonomie sont des compétences importantes pour de nombreux parents, qu’ils cherchent à encourager chez leur bébé. Cependant, il est essentiel de comprendre que l’autonomie à l’endormissement et au sommeil sont des processus physiologiques évolutifs. qui dépendent de trois facteurs :

  • les capacités d’auto-régulation innées et internes de l’enfant : on ne peut pas y faire grand chose, la génétique y est pour beaucoup, et cela varie également en fonction de tempérament de l’enfant, c’est très variable,
  • la proximité et le contact avec ses parents : une parentalité proximale, l’allaitement maternelle, la pratique du cododo ou du cosleeping sont des facteurs favorisants par exemple,
  • la qualité de son système de co-régulation.

La clé : la co-régulation parent-enfant

La co-régulation chez le bébé fait référence à un processus interactif et dynamique entre le bébé et son parent, où ce dernier joue un rôle actif dans la régulation des émotions et des états du bébé. Lorsque les bébés naissent, ils dépendent complètement des adultes pour répondre à leurs besoins physiologiques et émotionnels. La co-régulation est essentielle pendant cette période de développement car elle permet au bébé d’apprendre progressivement à réguler ses émotions et ses réactions face au monde qui l’entoure.

Accompagner son enfant avec bienveillance et réactivité favorise une relation sécurisante, appelée communément lien d’attachement sécure.

Ce lien d’attachement est primordial pour que le bébé développe des compétences d’auto-régulation à mesure qu’il grandit et devient de plus en plus indépendant. Bercer son enfant pour l’aider à s’endormir, le mettre au sein ou encore le garder à côté de soi sont des éléments qui vont venir, au fil des mois, nourrir l’autonomie de l’enfant.

Vous l’aurez compris, laisser un enfant pleurer dans l’espoir qu’il développe ses capacités d’auto-apaisement est contre productif, et en réalité délétère, car ce manque de réactivité représente un frein plus ou moins important dans le développement de ses capacités d’auto-régulation.

Soutenir le développement de l’auto-régulation chez l’enfant

L’auto-régulation se définit par la capacité de gérer ses émotions, son attention et son comportement en réponse à différentes situations et stimuli.

Les bébés commencent à développer des capacités d’auto-apaisement in-utero, mais leur capacité à le faire s’améliore progressivement au fur et à mesure de leur croissance et de leur développement. La co-régulation parent-enfant est donc primordiale pour un développement optimal de l’auto-régulation chez le jeune enfant.

Vers 4-6 mois, les bébés commencent à développer certains comportements d’auto-apaisement, tels que la succion non-nutritive ou encore le détournement de regard, fuyant alors ce qui les rend inconfortable. Ces stratégies sont relativement peu nombreuses et surtout particulièrement peu efficace.

Vers 12-18 mois, il y a une période de forte évolution permettant à l’enfant d’acquérir plus aisément de l’autonomie à l’endormissement. En effet, à cet âge, le cortex préfrontal (zone du cerveau qui permet de gérer les émotions et réguler le système nerveux) débute sa croissance, permettant à l’enfant de mieux gérer ses émotions. Cette maturation cérébrale devient vraiment efficiente vers l’âge de 4 et 7 ans, mais est considérée comme achevée vers l’âge de 25 ans.

Voici quelques éléments clés pour favoriser l’acquisition de ces compétences :

  • Une réponse réactive aux besoins de l’enfant : les interactions positives et sensibles entre les parents et le bébé dès la naissance sont essentielles pour développer des capacités d’auto-régulation. Répondre rapidement et attentivement aux besoins du bébé, le réconforter lorsque nécessaire, créer un environnement sécurisé et prévisible sont des éléments fondamentaux pour l’aider à se sentir en sécurité et à développer des mécanismes d’auto-apaisement.
  • Un apprentissage par l’imitation : les enfants apprennent beaucoup par l’observation et l’imitation de leurs parents et des adultes qui les entourent. Lorsque les adultes montrent des stratégies positives d’auto-régulation, comme gérer le stress de manière adaptée ou utiliser des techniques de relaxation, les enfants sont plus susceptibles de les intégrer dans leur propre comportement.
  • Routines et rituels d’endormissement : établir des routines quotidiennes cohérentes et mettre en place des rituels d’endormissement aide les enfants à anticiper ce qui va se passer et à se sentir en sécurité.
  • Jeu libre et imagination : le jeu libre permet aux enfants d’explorer leurs émotions et de tester différentes stratégies d’auto-régulation dans un environnement sans risque. Le jeu symbolique et l’utilisation de l’imagination peuvent également être des moyens pour les enfants d’exprimer et de gérer leurs émotions.

Conclusion

Il est important de se rappeler que le développement des capacités d’auto-régulation est un processus individuel et qu’il varie d’un enfant à l’autre. Certains enfants peuvent avoir besoin de plus de temps et d’encouragement pour développer ces compétences, et c’est normal. Fournir un environnement sécurisé, aimant et favorable, ainsi que soutenir l’enfant dans son développement émotionnel, sont des éléments essentiels pour l’aider à développer ces compétences d’auto-apaisement tout au long de son enfance.