Définition du cosleeping
Le cosleeping, souvent confondu avec le cododo, est une pratique qui consiste à partager le même lit avec son enfant. Le parent et l’enfant dorment dans le même lit, dans le lit parental ou bien dans un lit d’appoint ou au sol dans la chambre de l’enfant.
Le cododo, lui, désigne le fait de partager la même chambre. L’enfant dort dans son lit à distance du lit parental ou dans un berceau cododo accolé au lit des parents.
Dans cet article, nous allons aborder la pratique du cosleeping.
Le cosleeping à travers le monde
Cette approche du partage de lit varie considérablement d’une culture à l’autre à travers le monde. Dans de nombreuses sociétés, le cosleeping est une tradition profondément enracinée, tandis que dans d’autres, il est controversé et découragé pour des raisons de sécurité.
Dans certaines régions d’Asie, comme au Japon, le cosleeping est une pratique courante et acceptée depuis des siècles. On croit que dormir ensemble renforce les liens familiaux, favorise l’allaitement maternel et facilite la transition du nouveau-né vers le rythme jour-nuit. Les familles japonaises préfèrent souvent des futons au sol, ce qui permet un contact plus étroit entre les membres de la famille pendant la nuit. Au Japon, il est courant que ce partage de lit ait lieu jusqu’à la puberté de l’enfant.
En Afrique, le cosleeping est également largement répandu. Dans de nombreuses cultures africaines, dormir ensemble est considéré comme naturel et bénéfique pour le bien-être émotionnel de l’enfant. Il est fréquent que les nourrissons dorment aux côtés de leurs parents ou d’autres membres de la famille, renforçant ainsi les liens intergénérationnels.
En revanche, dans certains pays occidentaux, le cosleeping a été l’objet de débats. Aux États-Unis, par exemple, les autorités médicales ont longtemps découragé cette pratique en raison de préoccupations concernant le syndrome de mort subite du nourrisson (SMSN). Cependant, d’après une étude américaine récente, 88% des familles américaines pratiquent le cosleeping ou le cododo, dont 71% trouvent que ces pratiques devraient être encouragées et normalisées.
En Europe, les attitudes envers le cosleeping varient également d’un pays à l’autre. Dans certaines régions, comme en Scandinavie, dormir avec son enfant est bien accepté et considéré comme une manière naturelle de créer des liens familiaux étroits. En revanche, dans d’autres pays européens comme la France, les parents sont plus enclins à encourager l’indépendance du sommeil chez les enfants dès leur plus jeune âge.
En conclusion, le cosleeping est une pratique qui suscite des opinions diverses selon les cultures et les croyances. Alors que certaines sociétés considèrent le partage du sommeil comme un moyen de renforcer les liens familiaux et de favoriser le développement émotionnel de l’enfant, d’autres peuvent s’inquiéter des risques potentiels pour la sécurité. Quelle que soit la position adoptée, il est important que les parents fassent preuve de prudence et de compréhension lorsqu’ils envisagent le cosleeping, en tenant compte des recommandations médicales et en s’assurant que les conditions de sommeil sont sûres pour tous les membres de la famille.
Une norme biologique
Le fait de dormir avec son bébé est considéré comme une norme biologique, en raison de son alignement avec certains comportements instinctifs et besoins fondamentaux des êtres humains :
- Proximité maternelle : Les bébés humains ont une dépendance naturelle envers leurs parents, en particulier leur mère, pour leur sécurité et leur bien-être. Dormir avec son bébé permet une proximité maternelle constante, ce qui répond à l’instinct naturel de la mère de veiller sur son enfant et de répondre rapidement à ses besoins.
- Allaitement maternel : Le cosleeping facilite l’allaitement maternel, car le bébé est à portée de main pour être nourri pendant la nuit. L’allaitement maternel offre des avantages nutritionnels et immunologiques essentiels au nourrisson. Il est recommandé d’allaiter son enfant à la demande, de jour comme de nuit.
- Régulation de la température : Les bébés ont du mal à réguler leur température corporelle, et dormir à proximité de leurs parents peut les aider à maintenir une température stable. La chaleur corporelle de la mère, en particulier, peut être bénéfique pour le bébé, en particulier chez les nouveau-nés.
- Sécurité émotionnelle : Le fait de dormir près de ses parents peut offrir une sécurité émotionnelle et réduire l’anxiété du bébé. Le contact physique et la proximité avec les parents aident le bébé à se sentir en sécurité et apaisé.
- Réponse rapide aux signaux du bébé : Le cosleeping permet aux parents de répondre rapidement aux signaux de détresse ou de besoin du bébé, tels que la faim, l’inconfort ou les cauchemars. Cela peut contribuer à une meilleure régulation émotionnelle et à une relation parent-enfant plus étroite.
- Régulation des rythmes circadiens : Les nouveau-nés et les nourrissons ont des rythmes circadiens immatures et peuvent avoir du mal à distinguer le jour de la nuit. Le cosleeping peut aider à réguler ces rythmes en permettant à l’enfant de s’ajuster au cycle de sommeil de ses parents.
Il est important de noter que bien que le cosleeping puisse répondre à certaines normes biologiques et offrir des avantages potentiels pour la mère et le bébé, il est essentiel de pratiquer le cosleeping en toute sécurité et que ça soit un choix des parents.
Nous venons de le voir, le cosleeping a de réels et nombreux bénéfices, mais il reste déconseillé par certaines entités tels que l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS). Il est parfois rapporté que le cosleeping augmenterait le risque de mort subite du nourrisson, mais qu’en est-il vraiment ?
Cosleeping et syndrome de mort subite du nourrisson (SMSN)
De nombreuses études sur le SMSN ont été réalisées, dans différents pays, et toutes ont la même conclusion : le sommeil partagé n’est pas un facteur de risque de mort subite du nourrisson, à condition qu’il soit réalisé en toute sécurité.
Le Japon, qui présente l’un des plus fort taux de cosleeping, a l’un des taux de SMSN les plus bas au monde (entre 0,2 et 0,3 bébés pour 1000 naissances vivantes contre environ 0,5 pour 1000 nourrissons pour les États-Unis).
Dans la très grande majorité des cas de SMSN rapportés chez des familles pratiquant le cosleeping, un ou plusieurs facteurs de risque étaient présents.
Les facteurs et circonstances à risque sont :
- Sommeil sur un canapé ou un fauteuil avec un adulte qui dort (partage d’un canapé)
- Enfant dormant près d’un adulte dont l’état est altéré par l’alcool, les drogues ou un état d’épuisement
- Enfant dormant près d’un adulte qui fume
- Enfant placé sur le ventre ou sur le côté
- Enfant n’ayant jamais été allaité
- Sommeil sur un lit mou ou dans un cocon mou
- Enfant prématuré ou de petit poids de naissance
Pratiquer le cosleeping en toute sécurité
On l’aura compris, le cosleeping est bien plus répendu qu’on ne peut le penser, et beaucoup de parents vivants dans des pays occidentaux n’osent pas en parler à leurs professionnels de santé. Au lieu de déconseiller cette pratique, il serait intéressant d’apprendre aux parents comment dormir avec leur bébé en toute sécurité. Voici les règles de sécurité pour le cosleeping :
- La pratique du cosleeping doit être réservée aux enfants en bonne santé.
- Ne jamais dormir avec un bébé sur un canapé, un fauteuil ou une surface non adaptée, incluant des coussins ou couettes.
- Mettre les bébés à dormir loin d’une personne dont l’état d’éveil est altéré par l’alcool, la drogue, des médicaments ou un état d’épuisement avancé.
- Mettre l’enfant à dormir sur le dos.
- Ne pas trop couvrir l’enfant ou l’emmailloter lorsqu’il dort avec un parent.
- Garder une température adaptée dans la mesure du possible (entre 18 et 21°)
- Ne jamais utiliser un porte-bébé si vous prévoyez dormir ou si vous vous reposez en position allongée.
- Mettre l’enfant à dormir loin d’une exposition au tabagisme passif et loin d’une personne qui est fumeuse ou de vêtements ou d’objets qui sentent le tabac.
- Le lit devrait être éloigné du mur et des meubles afin d’éviter que la tête ou le corps de l’enfant se retrouve coincé.
- La surface du lit devrait être ferme, comme celle d’un berceau, sans couverture épaisse (couette ou duvet), oreiller ou autre objet susceptible de recouvrir la tête du bébé et de l’asphyxier. Ne pas utiliser un nid ou un cocon pour bébé. Ces articles augmentent le risque de suffocation du bébé.
- L’enfant ne devrait pas être laissé seul sur un lit d’adulte non sécurisé.
- La position en C (mère enroulée autour de son bébé), la tête de l’enfant étant au niveau des seins de l’adulte, les jambes et les bras de l’adulte autour de l’enfant, l’enfant étant sur le dos loin de l’oreiller, est la position optimale de sommeil.
- Il est recommandé de placer l’enfant du côté de la mère, et non pas entre la mère et le coparent.
Cosleeping : aide ou frein à l’autonomie des enfants ?
On peut souvent lire sur les réseaux sociaux que pratiquer le partage de sommeil (cododo et cosleeping) peut rendre les enfants plus dépendants et retarder leur autonomie au sommeil, mais qu’en est-il vraiment ? Que dit la science ?
Plusieurs études se sont penchées sur la question, et toutes font la même conclusion : dormir avec son bébé ne retarde pas l’acquisition de l’autonomie au sommeil…
Une étude américaine de 2020 a mis en évidence que les bébés ayant été en cosleeping les premiers mois de vie affichaient significativement plus de comportements d’autorégulation. De plus, les nourrissons qui ont partagé le lit parental ont affiché significativement moins de négativité pendant l’épisode de retrouvailles que les autres.